Sleiman renouvelle son attachement à l'alternance au pouvoir
De Bkerké, le président Michel Sleiman a souligné la corrélation entre la démocratie et l'alternance au pouvoir, avant de répondre aux menaces du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, concernant le dossier de la formation du gouvernement : « Les prérogatives du président émanent de la Constitution et non pas des partis ou des dirigeants politiques. »
En marge de sa participation, mercredi, à la messe de Noël à Bkerké, le président Sleiman a eu un entretien en tête à tête d'une demi-heure avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, au terme duquel il s'est adressé à la presse pour les vœux traditionnels. « À cette occasion, je demande aux Libanais de penser profondément aux autres, à la situation au Liban, aux personnes déplacées ou victimes d'injustice ainsi qu'aux sans-abri, à la violence en Syrie, aux évêques, aux prêtres, aux religieuses et à toutes les personnes enlevées dans ce pays, aux militaires qui veillent nuit et jour depuis deux ans pour préserver la sécurité du peuple libanais, ainsi qu'aux familles des martyrs », a-t-il déclaré avant d'inviter les chrétiens à « engager une réflexion sur le rôle pionnier qui leur est imparti, au niveau de la communication et de l'ouverture entre les communautés ».
Selon lui, « un État civil, citoyen, ainsi que l'ouverture sont de nature à renforcer leur présence au Liban et dans les pays d'Orient et non pas les slogans communautaires et fanatiques ». « Le christianisme est fondé sur l'ouverture et la communication et non pas sur les instincts qu'on attise », a martelé le chef de l'État qui a ensuite exhorté les Libanais à réfléchir profondément à la démocratie. « Nous ne devons pas porter un coup à la démocratie pour faire plaisir à qui que ce soit. Nous devons au contraire la consolider et l'exercer de la manière la plus civilisée qui soit », a poursuivi M. Sleiman en évoquant les trois échéances de l'année prochaine : la formation d'un gouvernement, l'élection présidentielle et les législatives.
« Ces échéances, a observé le président, représentent l'alternance au pouvoir. Personne ne peut donner d'autres noms à l'application de la démocratie. Lorsque celle-ci s'éloigne du principe de l'alternance au pouvoir, elle cesse d'être une démocratie. »
Prié de commenter les menaces exprimées par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au cas où un gouvernement de fait accompli serait formé, il a répondu : « Les prérogatives du président émanent de la Constitution et non pas des partis ou des dirigeants politiques. Mais en dépit de ce qui a été dit, on m'a expliqué plus tard que les propos qui avaient été formulés n'étaient pas une menace mais devaient servir à faciliter la mission du président de la République. Point à la ligne. » Il faisait ainsi allusion à l'entretien qu'il avait eu la semaine dernière à Baabda avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, quelques jours après le discours truffé de menaces de Nasrallah.
Le 25 mars, une ligne rouge
Prié également de commenter les analyses formulées par des sources du Hezbollah qui considèrent la mise en place d'un gouvernement comme étant en contradiction avec les dispositions de l'accord de Taëf, le président Sleiman a relevé que « le problème réside dans les définitions ». « Quelle est la définition de l'expression "le fait accompli" ou encore celle d'un "gouvernement fédérateur" ? Est-il vrai que ce sont les hommes politiques qui rassemblent au Liban ? C'est la définition de qui ? Pourquoi un gouvernement politique serait-il rassembleur et un gouvernement apolitique ne le serait-il pas ? Rien de tout cela n'est vrai. Les définitions sont fausses. Que signifie le fait accompli ? Que signifie un gouvernement d'intérêt national ? Comment les concrétiser ? » s'est interrogé le président, avant de plaider simplement pour l'application de la Constitution et de la démocratie. « Les moyens démocratiques et constitutionnels sont les seuls à déterminer le sort des échéances et des décisions politiques prises à ce niveau », a-t-il affirmé, avant d'insister sur la nécessité de former un gouvernement dans les délais les plus brefs. « N'oubliez pas que le 25 mars est le début du délai constitutionnel pour l'élection d'un président. Dans une semaine, nous ferons notre entrée dans une nouvelle année. Il faut qu'un gouvernement voit le jour et qu'il obtienne la confiance du Parlement. Cela prendra au moins un mois. À supposer qu'il n'obtienne pas la confiance, nous devons avoir le temps d'en former un autre », a averti le chef de l'État qui est revenu sur la date butoir du 25 mars qu'il a présentée comme étant « une ligne rouge ». « Il faut que d'ici là un cabinet ait vu le jour. »
Hier, le chef de l'État a reçu à Baabda l'ambassadeur des États-Unis, David Hale, avec qui il a passé en revue les relations bilatérales, ainsi que les aides militaires américaines à l'armée libanaise et la situation dans la région, notamment en Syrie. MM. Sleiman et Hale ont également débattu des perspectives de la conférence de Genève et des résultats de la réunion du groupe international d'appui au Liban qui s'était réuni en septembre à New York.
Après un entretien avec le président de l'Association des industriels, Nehmat Frem, le président Sleiman a accordé audience au professeur Philippe Salem qui était accompagné d'une délégation de sa famille, venue le remercier de lui avoir accordé la médaille de l'ordre national du Cèdre, grade d'officier, en signe d'appréciation pour ses services dans le domaine médical.
Lire aussi
Frangié annonce sa candidature et celle de Aoun à la présidence
Le Hezbollah met en garde contre un cabinet neutre, porteur de chaos
Raï plaide (à nouveau) pour l'alternance au niveau de la présidence
Envoyé de mon Ipad
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.