L'évêque auxiliaire de Bagdad, Mgr Schlemon Warduni, à Rome mardi 16 septembre 2014.
Deux évêques du Moyen-Orient ont appelé mardi 16 septembre depuis Rome à sauver chrétiens et musulmans modérés face à la menace que font peser sur eux les djihadistes en Irak et Syrie. L'un d'eux a clairement désapprouvé toute intervention en Syrie sans l'accord de Damas.
Deux évêques chaldéens, Mgr Antoine Audo, évêque d'Alep (nord de la Syrie), et Mgr Schlemon Warduni, évêque auxiliaire de Bagdad, se trouvaient à Rome pour une réunion du réseau Caritas Internationalis, principale structure caritative de l'Eglise catholique, convoquée d'urgence pour faire face aux défis en Irak, en Syrie et à Gaza.
Mgr Warduni a déploré que les interventions en Irak soient « venues très tard, trop tard ». Il y a quelques mois, Daech (acronyme arabe pour l'organisation terroriste État islamique, EI) était encore faible et « cela aurait été très facile, mais la communauté internationale dormait d'un sommeil très profond », a-t-il déploré.
« Nous voulons une intervention, mais rapidement et tous unis, Europe et Amérique ensemble… Où sont l'ONU, l'Europe, le Parlement européen ? », a-t-il demandé, reprochant aux Européens de « ne pas vouloir entendre les chrétiens ». « S'il y a vraiment l'Europe, elle doit vite exercer une pression pour libérer nos villages », a-t-il martelé.
Les djihadistes se comportent comme des « bêtes », a estimé l'évêque irakien, dénonçant en particulier ceux qui « vendent au marché une fille qui n'est pas la leur pour 150 dollars ». « Ce qu'ils ont fait est contre toutes les religions, toutes les cultures du XXIe siècle ».
De son côté, l'évêque de la grande ville syrienne d'Alep, Mgr Audo, interrogé sur le point de savoir si des frappes extérieures pourraient viser aussi l'EI en Syrie, a adressé une mise en garde : « Vouloir mettre une limite à la violence et à l'influence de Daech, tout à fait d'accord. Mais la Syrie rappelle toujours que cela ne peut se faire en dehors de sa souveraineté. C'est sacré pour la Syrie, le message est bien clair.»
« On ne voit pas beaucoup d'efficacité dans toutes ces déclarations ! »
Selon Mgr Audo, la prise de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, par l'EI a provoqué à Alep « une peur générale parmi les chrétiens, qui disent : aujourd'hui c'est Mossoul, demain ce sera Alep ». Il a estimé que « la moitié des chrétiens » avaient « déjà quitté la Syrie ». « La position officielle de l'Église est de dire aux chrétiens de rester ». Mais, « personnellement, je n'obligerais personne à rester. Je leur laisserais la liberté », a-t-il dit.
L'évêque d'Alep a laissé transparaître sa déception sur la réaction de l'Église : « Franchement, avec tout ce qui est arrivé en Irak, à Mossoul, on est un peu découragé, on ne voit pas beaucoup de résultats, d'efficacité dans toutes ces déclarations ! Les chrétiens ne cessent de regarder vers le pape. Même le monde musulman a généralement un grand respect pour ce que la papauté représente en tant qu'autorité morale », a-t-il rappelé.
Michel Roy, secrétaire général de Caritas Internationalis, a expliqué que cette réunion d'urgence sur les actions caritatives à entreprendre entendait aussi adresser « un message sur l'importance des communautés chrétiennes, non pas seulement pour elles-mêmes mais en tant que signes de la diversité et d'une société ouverte que souhaitent de nombreux musulmans ».
Il a qualifié les défis des nouvelles crises au Moyen-Orient de « démesurés » pour le réseau Caritas.
Envoyé de mon Ipad
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