BOKO HARAM
« C'est relativement facile d'être chrétien quand tout se déroule bien ». Mgr Ignatus Kaigama, archevêque de Jos, au Nigéria, donne le ton de la septième « Nuit des Témoins », organisée par l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED). Une semaine de veillées pour éveiller les consciences et appeler à la prière les catholiques de France en faveur des chrétiens persécutés en de nombreux endroits du globe.
Vendredi 13 mars, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris est comble pour la dernière de ces soirées. Quatre « grands témoins » se succèdent au micro, pendant une heure et demie.
« Villages brûlés et rasés, attentats-suicides, commis même par des enfants… Boko Haram continue ses exactions. Dans certains endroits, il n'y a plus aucun chrétien. » Mgr Kaigama est venu décrire le sort des populations confrontées aux exactions de la secte islamiste Boko Haram, récemment alliée à Daech. Non francophone, il tient à lire son texte en français. « Parce qu'il faut toujours faire l'effort d'aller vers les autres. »
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« Dans le diocèse de Maiduguri, ils tuent et déplacent les chrétiens, mais aussi les musulmans qui ne partagent pas leur philosophie », rapporte l'archevêque, qui rappelle que les premières attaques du mouvement, visant des églises, remontent à 2009. Dans ce seul diocèse, en cinq ans, 50 églises ont été brûlées, et 1 000 personnes tuées.
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Les chrétiens d'Orient, des « martyrs vivants »
Mgr Jean-Benjamin Sleiman, archevêque latin de Bagdad, vient témoigner du calvaire vécu par les chrétiens d'Orient. « Des milliers de familles ont fait comme Abraham : ils ont tout quitté. Ils sont allés à l'aventure. Beaucoup vivaient à la belle étoile, d'autres choisissaient les ponts… » raconte l'archevêque.
Dans la cathédrale parisienne, l'ambiance est grave. Mais il n'y a pas de misérabilisme dans les témoignages. Tous insistent sur l'espérance. « Ce qui est important, souligne Mgr Sleiman, au-delà de leurs souffrances, c'est leur témoignage. Ils ont risqué leur vie pour sauver leur foi. Ce sont de vrais martyrs vivants. »
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À la fin de leurs interventions, les orateurs sont invités à prier dans leur langue. L'archevêque de Bagdad choisit des versets du psaume 51 :
Le Liban saturé par les réfugiés
« En Syrie, le 14 mars marque le quatrième anniversaire du début du conflit. 210 000 morts, dont 11 000 enfants ; la durée de la Première Guerre mondiale, quatre ans. » Sœur Hanan Youssef, religieuse du Bon Pasteur, est responsable d'un dispensaire au Liban, où un habitant sur quatre est un réfugié. Elle raconte son désarroi face à un besoin d'aide qui dépasse largement les capacités de sa petite structure. « Je vois parfois la file d'attente qui va jusqu'à la porte du dispensaire, et nous n'avons rien à leur donner. Ça me fend le cœur. »
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Dans la foule, il y a quelques chrétiens d'Orient. Ameel, 22 ans, est venu de Savigny-Le Temple pour voir Mgr Sleiman. Réfugié en France depuis 2010, il était son paroissien en Irak.
En Amérique latine, les prêtres face à la violence des cartels
Entre chaque témoignage, la foule chante. Le P. Pierre Amar, du diocèse de Versailles, lit des méditations. Le chanteur Grégory Turpin et l'actrice Marie Lussignol lisent le « martyrologe ». Les portraits des religieux et religieuses assassinés au cours de l'année écoulée défilent sur un écran géant. Parmi eux, beaucoup de Mexicains et de Colombiens.
Pour beaucoup, la situation du clergé au Mexique et en Amérique latine est une découverte. Dans ces pays minés par le trafic de drogue, les membres du clergé subissent de plein fouet la violence des cartels. « Le Mexique est le pays le plus dangereux où exercer le ministère sacerdotal », rappelle ainsi Grégory Turpin.
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C'est ce que le P. Bernardo Colmenares Gomez est venu raconter. Prêtre colombien depuis 1999, son père a lui-même été assassiné par une bande armée. Dans son pays, à la violence des cartels s'ajoute celle de la guerre civile entre l'État et les Farc – peut-être en cours de règlement. Au micro, il décrit son quotidien, celui de tous les prêtres du pays, en particulier dans les zones rurales :
Et à La Croix, il explique que l'avenir de la région passe aussi par la sensibilisation, dans les pays du Nord, à la violence qu'entretient la consommation de drogue.
Les multiples facettes des persécutions que subissent les chrétiens dans le monde ont été exposées lors de ces veillées. Mais les fidèles en ressortent avec l'espérance communiquée par les témoins de la soirée. « On sort grandis par ces exemples, encore plus renforcés dans notre foi », lance Christophe, 53 ans, en sortant sur le parvis de Notre-Dame.
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La « Nuit des Témoins » à Notre-Dame-de-Paris est à revoir en intégralité ici :
Gauthier VaillantEnvoyé de mon Ipad
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