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17/3/2015-Les chrétiens du Liban, une vie par conviction ou une mort par abstention !
Après dix mois de blocage de l'élection présidentielle, que devient la République? Quelle est la situation des chrétiens du Liban par rapport à cette échéance? Évaluent-ils vraiment les conséquences de ce retard sur leur avenir politique? Ont-ils réellement les mains libres pour concrétiser cette élection ? Par qui ce renvoi d'échéance est prémédité ? L'est-il pour des raisons tactiques où stratégiques? Cherche-t-on, par le blocage instutionnel, le vide politique et le chaos interne et régional, à transformer la République du «vivre ensemble» de 1943 en un État islamique qui s'alignerait sur tous les régimes communautaires en place ou en voie de constitution (y inclus l'État d'Israël), ou uniquement à réaliser une opération de restructuration géopolitique pour l'adapter à ce nouveau Moyen-Orient en gestation?
Beaucoup de questions sans réponses, un malaise généralisé, un désastre socio-économique national latent, un avenir incertain, un discours politique mensonger et hypocrite, des valeurs en berne et, pour conclure ce triste panorama, peu de certitudes à l'horizon et surtout pas d'hommes d'État charismatiques à la hauteur des événements en cours, capables de prendre à bras-le-corps les responsabilités nationales et réhabiliter un État depuis trop longtemps étouffé et en état de déliquescence...!
Qu'attend la société civile chrétienne de ce pays (et non les partis politiques, qui ne représentent que 30 % de la population de la communauté), pour se réveiller de sa profonde léthargie et reprendre conscience de son rôle historique, culturel et politique au Liban et dans tout l'Orient? Que craint-elle? Son vivre ensemble avec l'islam libanais depuis 1943 en a fait une société «originale» pour ne pas dire «unique» en matière d'appartenance identitaire et nationale, au même titre d'ailleurs que ne l'est la société civile musulmane de ce pays, car le Pacte national qui les régit à tous les deux les a mutuellement et réciproquement immunisés et protégés! Il lui faut donc reprendre confiance en elle-même et procéder avec ses politiques, après une autocritique objective et courageuse, à l'établissement d'une vision d'avenir à long terme et d'un programme d'applications anticipatives et innovantes englobant toutes les composantes nationales. Cette démarche, si elle est convaincante, ne pourra pas alors être bloquée par les interventions étrangères qui utilisent régulièrement la scène politique interne pour véhiculer leurs propres intérêts stratégiques.
Sous quelle tutelle entreprendre ce grand chantier et dans quel cadre institutionnel et logistique le concrétiser?
Une «commission des sages» composée de grands commis de la communauté au sein des institutions de l'État, de responsables officiels dans les différents domaines du secteur privé et le parrainage de Bkerké pourraient permettre le lancement de ce projet. Quant au cadre idéal de réflexion pour aborder une telle entreprise, il pourrait prendre son point de départ à partir de trois sources:
1 - Le rapport final et les recommandations du conclave patriarcal maronite conclu en juin 2006 pourraient représenter un point de départ tout à fait valable, tout au moins dans son aspect citoyen et
institutionnel.
2 - Les projets de loi présentés, étudiés et votés par les différentes commissions parlementaires depuis 2005.
3 - La troisième et dernière source d'inspiration pourrait provenir des décisions prises par les Conseils des ministres qui se sont succédé depuis 2005.
Après une lecture approfondie des documents susmentionnés, des commissions techniques et professionnelles doivent les réévaluer et les réadapter aux nouvelles donnes de la scène nationale. Des projets d'encadrement et d'application opérationnels par rapport aux propositions adoptées devront être envisagés, testés et évalués humainement, financièrement et matériellement.
Grâce à la réalisation d'un tel chantier, la société civile chrétienne libanaise se réhabilitera vis-à-vis de ses propres responsabilités et assumera à nouveau sa part du contrat national, car elle aura réussi un double sauvetage, le premier partenarial et le second structurel. Elle pavera ainsi la voie, d'une part, à un dialogue national intermusulman évitant les déchirements dramatiques et les dissensions actuelles qui minent leurs rapports internes et perturbent le Pacte national. Elle apportera, d'autre part, une contribution éducationnelle, économique, sociale et culturelle, et favorisera à nouveau une relation au monde qui permettra de restaurer internationalement la place du pays du Cèdre, d'y développer un espace mondial de dialogue interculturel et interreligieux, de le consacrer terre de paix, de solidarité et de tolérance, et un jour prochain, qui sait, d'y asseoir un État civil grâce à l'adoption d'un statut de « neutralité » permanente !
Envoyé de mon Ipad
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