http://www.liberation.fr/societe/2015/03/05/mgr-gollnisch-inquiet-du-sort-des-chretiens-d-orient-menaces-par-le-groupe-ei_1215025
Mgr Gollnisch inquiet du sort des chrétiens d'Orient menacés par le groupe EI
Il a beau être «prêtre», pas «va-t-en-guerre», Mgr Pascal Gollnisch, «rempli d'angoisse» face au sort des chrétiens d'Orient, notamment en Syrie et en Irak, appelle à une intensification des frappes occidentales contre le groupe Etat islamique.
«La neutralisation de Daech (EI) doit être rapide», plaide le prélat, vicaire général des catholiques orientaux en France et directeur général de l'Oeuvre d'Orient, qui dénonce «la volonté d'épurer» de l'organisation jihadiste.
QUESTION: Quelle est la situation des chrétiens en Syrie et en Irak, dans des territoires en guerre et sous la pression des groupes jihadistes ?
REPONSE: «Au milieu des conflits, les chrétiens représentent un groupe extrêmement vulnérable, qui subit l'effondrement des structures étatiques de sécurité et de justice. En Syrie, ils ont presque tous fui les zones tenues par les rebelles. L'approvisionnement est très faible car les organisations internationales n'agissent pas dans des zones tenues par le régime, or c'est là que se retrouvent les chrétiens car ils considèrent que Daech et Al-Qaïda constituent une menace plus forte. L'assassinat terrible des coptes égyptiens en Libye (...) montre que Daech est prêt à s'affranchir de la règle musulmane traditionnelle de protection des religions du Livre. Cela nous remplit d'angoisse.»
Q. Est-il pertinent de parler de génocide ?
R. «Un génocide peut concerner l'appartenance à une religion, et il n'est pas lié nécessairement au nombre de victimes, mais à la volonté d'épuration. Il y a clairement de la part des responsables de Daech la volonté d'épurer l'Irak et la Syrie des minorités qui ne leur conviennent pas, en particulier des chrétiens. Or la disparition de la minorité chrétienne entraînerait une fragilisation de l'ensemble des minorités, et chaque pays se raidirait sur son groupe majoritaire.»
Q. Des milices chrétiennes s'organisent-elles pour lutter contre le groupe Etat islamique ?
R. «J'ai entendu parler de quelques individus en Irak, en Syrie, et de quelques Européens qui se mettent en tête l'idée d'aller prêter main forte, qui me semble tout à fait aventureuse. Ce n'est pas ce que souhaitent les responsables des Eglises locales. Le rôle des chrétiens n'est pas de prendre les armes.»
Q. Mais que faire précisément contre l'EI ?
R. «Il me semble absolument indispensable d'obtenir rapidement un recul significatif de Daech, en particulier sur la rive gauche du Tigre. Cela suppose des frappes aériennes plus intenses. Je suis prêtre, je ne suis pas un va-t-en guerre. Mais quand on est devant des terroristes, des gens qui n'ont plus de repères dans les valeurs de base - et la destruction des oeuvres d'art de Mossoul montre bien qu'on est devant une barbarie -, je crois que malheureusement l'emploi de la force est nécessaire et légitime. La neutralisation de Daech doit être rapide. Quand vous avez des terroristes dans un avion, vous ne dites pas +on va attendre un mois+ ! Et puisque les Occidentaux ont l'air peu désireux d'intervenir directement sur le terrain en Irak, pourquoi ne pas constituer une force internationale sous la responsabilité de la Ligue arabe ?»
Q. Qu'en est-il de l'arrivée de chrétiens d'Irak et de Syrie en France ?
R. «Les chrétiens dans le désarroi ont quitté leur pays. Certains viennent en France, pas en nombre gigantesque - peut-être moins de 2.000. Nous ne souhaitons d'ailleurs pas un nombre plus important, parce que cela voudrait dire que nous ferions avec gentillesse, sourire, diplomatie, ce que Daech fait par la cruauté, c'est-à-dire vider l'Irak de ses chrétiens. Nous n'avons pas à nous faire complices de cet exode. Nous avons en revanche à apporter de l'aide aux personnes déplacées et réfugiées, et je souhaiterais que l'effort européen soit plus intense.»
Q. Vous avez créé une plateforme pour mieux coordonner l'accueil des chrétiens d'Orient. Est-elle là aussi pour les aider à préparer leur retour ?
R. «Si j'étais père de famille en Syrie ou en Irak, je pense que je penserais à partir. C'est leur décision, nous la respectons. Et quand ils arrivent en France, on ne va pas les abandonner ! (...) Mais nous ne voulons pas nous substituer aux pouvoirs publics. Quant à la question du retour de ces chrétiens sur leur terre natale, pour qu'elle puisse se poser, il faut d'abord sécuriser l'Irak et la Syrie.»
Envoyé de mon Ipad
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