1/2/2013- Sondage : 51% des Libanais seraient favorables au mariage civil facultatif
Une majorité de Libanais souhaiteraient la légalisation du mariage civil au Liban, selon un sondage publié par le centre de recherche "Information International", basé à Beyrouth.
Le sondage a été réalisé les 29 et 30 janvier par téléphone auprès d'un échantillon de 500 personnes - toutes confessions confondues - présenté comme représentatif de la population libanaise âgée de 18 ans et plus.
Près de 51% des personnes interrogées affirment soutenir le mariage civil au Liban s'il est facultatif, alors que 46% disent préférer que seul le mariage religieux soit possible au Liban. Les sunnites représentent la communauté la plus opposée à la légalisation de l'union civile (66%), suivis des minorités chrétiennes (chaldéens, assyriens, coptes-orthodoxes…, avec 60%), des chiites (55%), des alaouites (50%), des orthodoxes (41%), des druzes (30%), des maronites (28%), des catholiques (22%), et des arméniens (20%).
Par ailleurs, parmi ceux qui souhaitent que le mariage civil soit rendu obligatoire au Liban (18% des sondés), les catholiques viennent en tête avec 41% de "oui", suivis par les druzes (37%), les orthodoxes (31%), les alaouites et les arméniens (25%), les maronites (23%), les chiites (13%) et les sunnites (5%).
Toujours selon l'étude du centre "Information International", les chrétiens sont plus nombreux que les musulmans à soutenir le mariage civil au Liban avec 42% contre 27%.
42% des sondés dénoncent les menaces proférées par le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, contre tout fidèle soutenant la légalisation du mariage civil, alors que 26% des personnes interrogées ont salué ces propos. 22% des personnes interrogées se disent indifférentes, alors que 10% ont refusé de répondre.
Lundi, cheikh Kabbani a affirmé que "tout responsable musulman qui approuverait la légalisation du mariage civil au Liban serait considéré comme apostat et traître à la religion musulmane". "Il ne sera ni lavé (après sa mort), ni mis dans un linceul, et ne recevra pas les prières après son décès, et il ne sera pas enterré dans les tombes des musulmans", a-t-il ajouté, à l'issue d'une réunion extraordinaire portant sur le mariage civil à Dar el-Fatwa, en présence d'ulémas.
L'Orient-Le Jour a également posé la question de la légalisation du mariage civil au Liban à ses internautes. Sur les 1.791 personnes ayant répondu à ce sondage mis en ligne le 21 janvier dernier, 85,5% sont pour le mariage civil au Liban, 11,4 contre et 3,1 sans opinion.
Dans un Liban comprenant 18 communautés religieuses, les mariages, divorces et questions d'héritage sont du ressort des autorités religieuses propres à chaque communauté. La loi libanaise n'autorise que les unions religieuses mais reconnaît les mariages civils contractés à l'étranger. Quand les couples sont mixtes, l'un des deux époux se convertit à la religion de l'autre, ou les deux fiancés optent pour le mariage civil à l'étranger, souvent dans l'île de Chypre voisine, puis font reconnaître leur union au Liban.
L'ancien président Elias Hraoui avait proposé en 1998 une loi qui aurait permis le mariage civil au Liban. Acceptée par le gouvernement, elle avait néanmoins été retirée face à la levée de boucliers des autorités religieuses.Le centre "Information International" rappelle qu'en moyenne, plus de 35.650 mariages sont enregistrés au Liban chaque année. Près de 800 de ces unions, soit 2,2%, ont été conclues sur la base d'un mariage civil à l'étranger.
Le débat sur le mariage civil a été récemment relancé après que Khouloud Sukkarieh et Nidal Darwiche, un jeune couple chiite et sunnite, se sont symboliquement mariés civilement au Liban et ont officiellement demandé au ministère de l'Intérieur de reconnaître leur union, une première au Liban. Le ministère a toutefois rejeté cette demande.
L'affaire a pris de l'ampleur quand le président de la République, Michel Sleiman, a indiqué dans un tweet être favorable à l'instauration du mariage civil au Liban. Autre son de cloche du côté du Premier ministre, Nagib Mikati, qui a déclaré que "la question n'a pas à être soulevée actuellement". Il a même ajouté qu'elle ne le serait pas "tant que je serai Premier ministre".
Jeudi, le ministre libanais de l'Intérieur Marwan Charbel a annoncé avoir demandé à des experts juridiques d'oeuvrer pour une solution consensuelle à la question de la législation sur le mariage civil, une solution qui "satisferait toutes les parties". Selon Marwan Charbel, changer le système politique confessionnel au Liban pourrait ouvrir la voie à une solution aux crises qui rongent actuellement le pays.
Sur les réseaux sociaux, les Libanais en faveur d'une loi pour le mariage civil se mobilisent. Un groupe créé il y a deux jours sur Facebook appelle à la tenue d'un sit-in, lundi 4 février, pour soutenir la cause. Jusqu'à présent, plus de 1.000 personnes ont confirmé leur présence au rassemblement qui se tiendra Place de l'Étoile, au centre-ville de Beyrouth à 15 heures précises.
Pour mémoire
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Dossier
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Envoyé de mon iPad jtk
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