12/8/2014-Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'œuvre d'Orient, lors de la conférence de presse « Voyage de BXVI au Liban : des enjeux majeurs dans un monde arabe en pleine mutation », à Paris, le 26 juin 2012.
Quelle est la situation actuelle des chrétiens irakiens réfugiés à Erbil ?
Mgr Pascal Gollnisch : Les 35 000 chrétiens de Mossoul, les 45 000 de Qaraqosh et les 10 000 d'Alkosh, sans parler de milliers d'autres venant des villages de la plaine de Ninive, ont tous fui pour se réfugier au Kurdistan, principalement à Erbil, dans le quartier chrétien d'Ankawa où je me trouve. Il y a donc ici plus de 100 000 chrétiens réfugiés, principalement syriaques, Qaraqosh étant une ville syriaque, et chaldéens. Toutes les églises d'Ankawa sont mobilisées et commencent à s'organiser ; elles tentent ainsi de mettre en place des villages de tentes. Car ici, il fait plus de 40 degrés dans la journée et chacun cherche à se protéger du soleil. La question de la scolarisation des nombreux enfants va également vite se poser, d'autant que c'est un moyen important pour la socialisation des familles, et nous, à l'Œuvre d'Orient, souhaitons nous investir particulièrement sur ce plan.
> Retrouvez notre dossier spécial sur les chrétiens d'Orient
Que veulent ces chrétiens irakiens : rester au Kurdistan et y refaire leur vie, ou immigrer en Occident ?
Mgr P. G. : Ces réfugiés ne sont pas en état de réfléchir à leur avenir. Ils ont été chassés de leur maison par les djihadistes de l'État islamique ; ils ont vécu de tels traumatismes… Ils sont écrasés par l'angoisse du quotidien, préoccupés de survivre, de boire, manger, dormir et d'avoir des médicaments pour les nourrissons et les personnes âgées… En réalité, il n'y a que deux hypothèses : si la plaine de Ninive peut être sérieusement sécurisée, ils pourront rentrer chez eux ; mais si l'on ne peut pas la sécuriser sur le long terme, ces chrétiens, qui n'ont pas vocation au martyre, devront s'exiler hors d'Irak. Or ce ne sont pas quelques petits bombardements américains qui vont neutraliser l'État islamique (EI). Car il s'agit bien de terroristes, comme l'ont dit les Nations unies. De tueurs, qui massacrent avec une cruauté inouïe. Ils doivent être définitivement chassés non seulement hors de Mossoul mais hors de l'Irak.
Avez-vous des informations sur la provenance et le financement de ces terroristes de l'EI ?
Mgr P. G. : Non, et c'est pour cela que nous réclamons une enquête internationale pour savoir d'où ils viennent, d'où proviennent leurs armes, leurs munitions, leurs financements. Si vraiment il s'agit du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie, comme on l'entend dire ici, il faut que le double jeu insupportable de ces trois puissances soit clairement dénoncé. Une telle duplicité a des limites !
Sait-on où sont les troupes de l'EI actuellement ?
Mgr P. G. : Ils ne sont qu'à une vingtaine de kilomètres d'Erbil. Pour le moment, les peshmergas (combattants kurdes) et les frappes américaines les ont empêchés d'entrer dans le Kurdistan à proprement parler et ils se sont donc installés dans les zones disputées autour de Mossoul qui étaient jusqu'à présent sous contrôle kurde. Mais si Erbil tombe entre les mains de l'État islamique, il y aura des centaines de milliers de morts.
Recueilli par Claire LesegretainEnvoyé de mon Ipad
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