Raï à Rome : pour « une force de l'Onu contre les groupes fondamentalistes au M-O »
Pour sa première journée à Rome jeudi, le patriarche maronite Béchara Raï a participé à l'inauguration du congrès annuel du Réseau international catholique de législateurs (ICLN), sur invitation du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. Un grand nombre de parlementaires, de sénateurs et de responsables politiques de divers pays prennent part à cet événement. Cette année, ce congrès se penche sur la situation des chrétiens au Moyen-Orient et les défis auxquels ils font face, des thèmes abordés par Mgr Raï lors de son discours d'ouverture.
« La situation au Moyen-Orient, surtout après la déroute de ce qu'on a appelé le printemps arabe, a pris un tour préoccupant, particulièrement marqué par la brusque montée du fondamentalisme musulman, a-t-il dit. Cette tendance a culminé avec l'émergence du groupe appelé Daech, ou État islamique. Dans tout ce processus, les chrétiens finissent par payer le prix fort. Leur présence dans la région, qui remonte à l'époque du Christ, est actuellement en danger. »
Le patriarche est revenu sur les récents épisodes douloureux de l'exode des chrétiens, des attaques dont ils ont fait l'objet, des exactions... « Il faut mettre fin aux organisations terroristes, a-t-il martelé. Les pays musulmans ne peuvent demeurer des observateurs muets alors que Daech, et d'autres, sont en train de nuire à l'islam même. » Il a ainsi proposé « de créer une force militaire sous les auspices de l'Onu pour mettre un terme à l'avancée des organisations terroristes ». « Nous considérons que la communauté internationale assume une part de responsabilité dans le développement des organisations terroristes et dans la situation actuelle au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi. Chacun sait que les pays (de cette région) sont victimes d'un conflit international exacerbé par les intérêts politiques, économiques et stratégiques, liés à l'exploitation du gaz et du pétrole dans la région. »
Le patriarche a, de ce fait, appelé les pays arabes à faire pression sur tous ceux qui financent de telles organisations, et le monde à soutenir les chrétiens pour qu'ils demeurent sur leur terre, en initiant un dialogue interreligieux et en renforçant la coexistence pacifique entre les cultures et les civilisations. Selon lui, « les chrétiens restent très attachés à leur terre natale, à leur pays mais aussi à la liberté d'expression et au respect des différences ».
Le patriarche Raï a été plus loin, donnant sa vision d'une solution pour les tragédies du Moyen-Orient. Pour lui, « si l'on veut trouver des solutions aux problèmes du Moyen-Orient, il faut en connaître les causes ». Il s'agit « d'œuvrer pour la réconciliation entre les composantes des pays » et « ne plus employer, financer ou armer des fondamentalistes et des mercenaires ». « Les Arabes et les musulmans devraient s'interroger sur les raisons de l'échec du printemps arabe, et les raisons pour lesquelles il a été remplacé par des conflits sectaires et des guerres lancées par des organisations terroristes contre les régimes, a-t-il dit. Tout cela ne souligne-t-il pas la fragilité de ces gouvernements et de leurs frontières géopolitiques ? »
Le prélat s'est dit convaincu qu'en vue d'une paix globale et durable, les pays de cette région devraient exercer la séparation de pouvoirs entre la religion et l'État. Il a, surtout, appelé la communauté internationale à intervenir en vue de mettre un terme à la tragédie humaine qui frappe les chrétiens et les yazidis d'Irak, afin de les aider à rentrer chez eux. De même, il l'a exhortée à intervenir en Syrie où trois ans et demi de conflits ont nui à la coexistence entre les communautés, rappelant à la mémoire de tous l'enlèvement, il y a un an, des deux évêques Youhanna Ibrahim et Paul Yazigi à Alep.
Par ailleurs, le cardinal Raï a présidé, le jour de son arrivée, la messe à l'église Saint-Maron à Rome. Il a reçu un groupe de l'Association du lieutenant-colonel martyr Sobhi Akouri. En présence de cette délégation, il a prononcé un mot dans lequel il a considéré que « les martyrs sont le cœur vivant de la nation et de son cheminement vers la souveraineté et l'indépendance », rendant hommage à l'armée.
Envoyé de mon Ipad
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.