3/8/2014-De retour d'Irak, la délégation de l'Église de France rencontre des membres du gouvernement
Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry, et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'Œuvre d'Orient, ont exposé les raisons de leurs réticences à l'asile proposé sans concertation par la France aux chrétiens d'Irak.
3/8/14 - 19 H 10Le cardinal Philippe Barbarin bénit le 31 juillet une chrétienne d'Irak, lors de sa visite à Kirkouk, dans le nord du pays.
Le voyage sur place d'une délégation de l'Église de France commence à faire des émules en Europe, particulièrement en Allemagne.
De retour de voyage dans le Kurdistan irakien où ils ont rencontré durant quatre jours, du 28 au 31 juillet, les communautés chrétiennes chassées de Mossoul par les djihadistes de l'État islamique (EI), Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry, et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'Œuvre d'Orient, ont rencontré vendredi 1er août dans l'après-midi les ministres Laurent Fabius (affaire étrangères) et Bernard Cazeneuve (intérieur) pour échanger sur la situation des chrétiens en Irak.
Les deux responsables religieux ont commencé par aborder la délicate question de l'accueil en France des chrétiens réfugiés de Mossoul. Cette proposition – émise sans concertation avec les Églises – du gouvernement français s'était répandue sur place comme une traînée de poudre, beaucoup de chrétiens irakiens, après avoir tout perdu, ne voyant plus leur avenir qu'à l'étranger.
« Nous avons expliqué aux ministres que la première urgence est d'aider les réfugiés dans leur pays et que l'annonce de visas accordés par la France crée plus de problèmes qu'elle n'en résout », rapporte Mgr Pascal Gollnisch.
TRAITEMENT AU CAS PAR CAS ET DURÉE DE SÉJOUR LIMITÉE
Le directeur de l'Œuvre d'Orient reconnaît toutefois la difficulté pour le gouvernement de devoir gérer une situation contradictoire : se montrer prêt à accueillir des réfugiés en cas d'extrême urgence, sans donner un signal de départ alors que les familles chassées de Mossoul sont aujourd'hui plongées dans la détresse. Les évêques ont donc plaidé pour un traitement au cas par cas et une durée de séjour limitée.
Deuxième point sur lequel les religieux ont insisté : le sort des chrétiens d'Orient ne doit pas venir compliquer la question de l'islam en France, ou être récupéré de manière politicienne. D'autant que les minorités chrétiennes ne sont pas les seules, en Irak, à subir de plein fouet la politique de « purification » menée par les djihadistes du califat autoproclamé en juin dernier.
Enfin, s'appuyant sur les témoignages entendus sur place, l'évêque d'Évry et le directeur de l'Œuvre d'Orient ont mis en garde contre la tendance, dans les déclarations officielles comme dans les médias, à considérer la présence des terroristes de l'État islamique à Mossoul comme un « fait irréversible ». « Il ne s'agit que de gangs dont l'emprise sur la population ne durera pas », estime Mgr Gollnisch.
AIDE HUMANITAIRE EXCEPTIONNELLE D'URGENCE
En présence de représentants des Églises d'Orient, des questions plus concrètes ont ensuite été abordées : microcrédit, aide humanitaire... Sur ce plan, la balle est aujourd'hui dans le camp irakien où les besoins des populations déplacées doivent être évalués précisément afin de mieux répartir les ressources. Une aide humanitaire exceptionnelle d'urgence a déjà été débloquée par la France au bénéfice des déplacés en Irak.
Dans un communiqué rendu public à la fin de la rencontre, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve ont réitéré leur volonté « d'assurer la protection des minorités afin de leur permettre de demeurer dans leur pays, et de préserver la diversité et l'intégrité de l'Irak ».
« La France propose qu'une résolution du Conseil de sécurité condamne dans les prochains jours les exactions de l'État islamique et exige qu'elles ne restent pas impunies, poursuit le communiqué. La France saisira également le Conseil des droits de l'Homme pour qu'une enquête soit menée sur ces crimes. »
DES ÉMULES EN EUROPE
Laurent Fabius a également fait savoir qu'il se rendrait en Irak « dès qu'un nouveau gouvernement sera nommé afin d'évoquer sur place ces questions et l'ensemble de la situation politique, sécuritaire et humanitaire irakienne. »
Pour l'heure, le voyage en Irak de la délégation conduite par l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, fait des émules en Europe. De source religieuse irakienne, l'épiscopat allemand réfléchit à un prochain déplacement sur le même mode auprès des communautés chrétiennes réfugiées au Kurdistan.
Au Royaume-Uni, l'autre ex-puissance coloniale présente dans la région avec la France jusqu'à l'indépendance de l'Irak, le discours des responsables anglicans est aux antipodes de celui des évêques français. Ces derniers multiplient les pressions sur le gouvernement de David Cameron afin que celui-ci ouvre ses portes aux chrétiens d'Irak.
« Nous manquerions à nos obligations si nous n'accordions pas l'asile dans notre pays, a déclaré le Rev. David Walker, évêque de Manchester, dansThe Observer . Après être intervenu récemment et de manière si extensive en Irak, le Royaume-Uni est tenu par un devoir moral encore plus important que les autres pays. » La Grande-Bretagne avait été l'alliée le plus important des États-Unis lors de l'invasion de 2003 visant à renverser le régime de Saddam Hussein.
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