Assez de paroles, des actes ! C'est, en résumé, l'appel lancé jeudi 7 août par les patriarches orientaux aux autorités musulmanes du monde entier, à partir de Dimane, dans le nord du Liban, et publié dans le quotidien libanais « L'Orient, Le Jour ».
Réunis en états généraux au siège du Patriarcat maronite, en présence du nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia (mais en l'absence du cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche des Chaldéens, retenu en Irak), les patriarches des Églises orientales catholiques et orthodoxes – ainsi que des patriarches assyriens et coptes – ont lancé ce nouvel appel de manière bien plus pressante et urgente que les précédents.Se disant « épouvantés » par l'avancée « sans précédent » des djihadistes de l'État islamique (EI) dans la plaine de Ninive et « les développements désastreux à caractère religieux rarement égalés dans l'histoire », les patriarches adjurent les responsables sunnites et chiites d'adopter une attitude plus claire à propos de ce qui se passe en Irak.
Ils exhortent surtout « tous les Parlements du monde arabe et islamique » à édicter des lois et des fatwas qui favorisent l'ouverture, qui sanctionnent toute forme d'exclusion (« takfir ») et de discrimination à l'égard des minorités religieuses.
Un exode « planifié »
« L'expulsion des chrétiens de Mossoul et de toutes les agglomérations de la plaine de Ninive n'est pas un incident isolé tel qu'il s'en produit durant les conflits », peut-on lire dans le communiqué des patriarches.Cet exode « a été planifié par l'EI et d'autres groupes djihadistes pour contraindre les chrétiens à abandonner leurs foyers uniquement en raison de leur appartenance religieuse, en violation directe de toutes les conventions et chartes internationales. Cette décision inique prise au nom de l'islam est un grave recul pour le Moyen-Orient (…). »
Les patriarches demandent aussi l'intervention des Nations unies, sans toutefois réclamer un déploiement de forces internationales, même si ce déploiement est suggéré par la demande exprimée au Conseil de sécurité d'adopter une résolution claire ordonnant la restitution des maisons et des biens spoliés « par tous les moyens possibles ».
Dans leur message, les patriarches en appellent aussi à l'Organisation de la conférence islamique (OCI), à la Ligue arabe et au Tribunal pénal international, considérant que cette dernière instance est habilitée à juger des actes de barbarie commis à Mossoul, mais aussi à Sadad, Maaloula et à Kassab en Syrie, et qui sont de véritables « crimes contre l'humanité ».
Journée de prière le 17 août aux États-Unis
Considérant l'extrémisme religieux comme un « phénomène durable », les patriarches affirment que « chrétiens et musulmans ont le devoir d'y faire face ensemble, pour transmettre aux générations futures un Moyen-Orient libéré d'un tel fléau, en éclairant les consciences et les intelligences et en invitant les fidèles à respecter l'essence de la religion, loin de toute exploitation par stratégie individuelle, régionale ou internationale ».« Si des parties dissimulées encouragent cet extrémisme et en financent l'effet destructeur et corrupteur, il est indispensable qu'elles soient dénoncées et qu'elles aient à en rendre compte devant l'opinion internationale et les autorités morales agissantes », poursuit le communiqué.
Outre cet appel des patriarches orientaux, la mobilisation pour les chrétiens irakiens s'internationalise. Ainsi, Mgr Richard E. Pates, évêques de Des Moines (Iowa) et président du Comité Justice et Paix de la Conférence des évêques des États-Unis (USCCB) a demandé à tous les évêques américains d'inviter leurs diocésains à prier pour la paix en Irak le dimanche 17 août. Mgr Pates a également fait suivre à ses confrères la lettre écrite par le cardinal Louis Raphaël Sako.
Claire Lesegretain
Envoyé de mon Ipad
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