...le Père Frans BOUWEN, Père Blanc à Jérusalem, estime que les Européens se sentent tout autant concernés par ces évènements qui leur apparaissent comme le « baromètre » du respect des droits et des libertés dans des régions en plein bouleversement.
Interview du député Besse : « Les chrétiens d'Orient ne peuvent être totalement ignorés »
Les députés Véronique Besse (MPF) et Lionnel Luca (UMP) ont initié un appel soutenu par 134 autres parlementaires pour alerter les autorités françaises sur la progression de l'islam radical et ses conséquences pour les chrétiens. Ils appellent le Gouvernement français à « intervenir avec fermeté et détermination auprès des instances internationales afin de protéger les chrétiens d'Orient ». Les élus rappellent que la période de Noël est l'une des plus dangereuses pour les chrétiens en terre d'islam.
Pour les parlementaires, « La France, en raison de sa politique étrangère équilibrée, dispose d'une grande crédibilité et peut jouer un rôle majeur en faveur de la protection des chrétiens d'Orient. » Le député Véronique Besse a accordé un entretien au Fide Post.
Madame le Député, avec 135 autres parlementaires, vous avez demandé au Gouvernement d'intervenir pour la protection des chrétiens d'Orient alors que se profile Noël. Pouvez-vous nous en dire davantage et le pourquoi d'une telle initiative ?
A l'approche d'une célébration religieuse, les lieux de culte fréquentés par les chrétiens d'Orient sont davantage pris pour cible par les terroristes. Cela s'est tristement vérifié il y a deux ans, lors de la fête de la Toussaint qui a vu la cathédrale de Bagdad être la cible d'une attaque sanglante et l'année dernière au Nigéria où la fête de Noël a été endeuillée par 5 attentats anti-chrétiens qui ont fait plus de 40 morts.
Le premier objectif de cet appel parlementaire est donc l'intervention du Gouvernement auprès des instances internationales, afin que des mesures de sécurité toutes particulières soient prises, à l'approche des fêtes de Noël, dans les régions concernées.
D'autre part, cette initiative a permis de rappeler la situation actuelle des chrétiens d'Orient qui, notamment depuis 2010 et l'attentat visant la cathédrale de Bagdad, ne préoccupe pas seulement l'Eglise.
En effet, le Père Frans BOUWEN, Père Blanc à Jérusalem, estime que les Européens se sentent tout autant concernés par ces évènements qui leur apparaissent comme le « baromètre » du respect des droits et des libertés dans des régions en plein bouleversement.
Aujourd'hui, l'exode des chrétiens d'Orient constitue en effet un drame humain, mais aussi un bouleversement culturel et économique que plus personne ne peut nier. Même en Turquie, pays laïque et moderne, qui frappe toujours à la porte de l'Union européenne, la part des chrétiens dans la population qui atteignait il y a un siècle près de 20% ne représente plus aujourd'hui que 0.1 %.
Comment peut-on à la fois considérer que l'Occident doit être laïc et pluraliste et que l'Orient puisse se caractériser par le repli communautaire et religieux ?
Quelques pays, surtout l'Allemagne et l'Italie ont une politique volontariste en matière de défense des chrétiens persécutés ; que pouvez-vous nous dire de la politique étrangère de la France concernant ces derniers ?
La mobilisation médiatique et politique, même après l'attentat de Bagdad que j'ai évoqué, reste bien timorée. La religion chrétienne est aujourd'hui la religion la plus persécutée. Cette situation soulève un certain nombre de paradoxes. Comment peut-on être l' « apôtre » inconditionnel des droits-de-l'homme tout en occultant les discriminations dont sont victimes les chrétiens d'Orient ?
Comment peut-on à la fois considérer que l'Occident doit être laïc et pluraliste et que l'Orient puisse se caractériser par le repli communautaire et religieux ?
Ces contradictions sont désormais bien connues de l'opinion publique. C'est la raison pour laquelle les chrétiens d'Orient ne peuvent plus être totalement ignorés.
Est-ce à dire que les Gouvernements successifs ne se préoccupent pas vraiment du sort des chrétiens persécutés ?
Lors de la législature précédente, j'avais déjà demandé au Gouvernement de saisir le conseil de sécurité de l'ONU afin qu'il adopte rapidement une résolution pour faire respecter la liberté religieuse et la liberté de conscience en Irak. Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, m'avait assuré que la France était pleinement mobilisée sur la question de la sécurité et du respect des droits des chrétiens d'Orient. Le 21 février 2011, le conseil des affaires étrangères, a fait référence aux Chrétiens dans ses conclusions relatives à l'intolérance, la discrimination et la violence en raison de la religion ou de la conviction, en lien avec la situation dans la région. En outre, notre pays a demandé une réunion du Conseil de sécurité le 10 novembre 2010 après l'attentat de Bagdad.
Bien sûr il reste beaucoup à faire si l'on veut éviter que les chrétiens disparaissent des terres qui ont vu naitre le christianisme. La mobilisation à ce sujet est un combat quotidien, elle ne doit pas cesser.
On se souvient, en effet, du discours d'Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, sur « les chrétiens d'Orient et le printemps arabe », fin février 2012 ; y a-t-il des changements, selon vous, entre l'appréhension du phénomène de persécution religieuse depuis l'alternance du mois de mai ?
Le « Printemps arabe » a placé les communautés chrétiennes d'Orient face à un dilemme à la fois cruel et insoluble. Incontestablement, il existe chez les minorités chrétiennes d'Orient, une aspiration à un véritable changement et à la démocratie. Toutefois, un régime autoritaire pouvait être la garantie pour ces communautés de se préserver de l'édification d'une dictature fondée sur la Charia.
Dans ce climat crisogène, quelle peut être la solution ? Comme l'a rappelé Alain Juppé, « il ne peut y avoir de révolution démocratique authentique sans protection des personnes appartenant aux minorités ». C'est la raison pour laquelle la France ne peut célébrer le « Printemps arabe » sans agir avec fermeté et détermination pour que les chrétiens d'Orient restent dans leur région et participent, en tant que citoyens, à la vie civile et politique de leurs pays.
Or, après l'alternance politique en Orient et le renversement des dictatures, de nombreux analystes ont cru que le pluralisme politique et religieux allait s'instaurer comme par magie dans ces régions. Pourtant, la montée en puissance des islamistes, dont les victoires électorales au Caire, mais aussi à Tunis et à Rabat furent le reflet, a prouvé le contraire.
Le silence politique sur la situation des chrétiens d'Orient est « incompatible » avec la volonté de défendre des libertés fondamentales et universelles
Même thème, autre sujet : le Gouvernement français s'est exprimé en faveur de la jeune Rimsha, cette chrétienne pakistanaise accusée de blasphème et qui risquait jusqu'à la peine de mort, en tout cas était menacé de mort par les islamistes… Estimez-vous que c'était ponctuel ?
Rappelons les faits : Rimsha, une jeune chrétienne pakistanaise, atteinte de trisomie 21, a été accusée d'avoir brûlé des pages du Coran. Au Pakistan, ce crime est passible de la prison à vie selon la loi en vigueur sur le blasphème. Comme vous le savez, la police pakistanaise a finalement accusé un imam d'avoir fabriqué cette affaire dans le but de chasser les chrétiens présents dans son quartier.
Ici, la réaction du Gouvernement Français s'explique essentiellement par deux raisons :
Tout d'abord, comme je l'ai souligné précédemment, le silence politique sur la situation des chrétiens d'Orient est « incompatible » avec la volonté de défendre des libertés fondamentales et universelles, comme la liberté de culte ou encore la liberté d'expression.
Par ailleurs, cette affaire, largement relayée par les médias d'information, a légitimement suscité une réaction d'indignation au sein de l'opinion publique. Cette réaction ne pouvait être ignorée.
Là encore, la médiatisation de cette affaire aura permis à l'opinion publique d'être mieux informée sur la situation des chrétiens pakistanais, cette minorité qui représente environ 2% de la population et qui est régulièrement victime de discriminations.
D'ailleurs, les chrétiens du petit quartier de Mehrabad, d'où vient la jeune Pakistanaise, ne pourront pas une fois encore célébrer librement Noël, sans craindre pour leur sécurité. Quant à la jeune Rimsha, elle sera contrainte de fêter la naissance du Christ avec sa famille dans une résidence surveillée.
Dans l'immédiat, quels sont les moyens d'action que vous préconisez pour protéger les chrétiens alors que les fêtes approchent ? Et à plus long terme ?
Traditionnellement, la France, en raison d'une politique étrangère équilibrée, incarne ce que l'on pourrait appeler une « troisième voie », propice au dialogue et au respect des peuples. A ce titre, notre pays, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, peut jouer un rôle majeur en faveur de la protection des chrétiens d'Orient en agissant avec fermeté et détermination auprès des instances internationales et des Etats concernés.
Pour l'heure, il faut davantage renforcer la sécurité autour des lieux de cultes et des quartiers chrétiens.
Je vous remercie. Un dernier mot, Madame le Député ?
En ces temps difficiles, j'ai une pensée particulière pour les minorités chrétiennes d'Orient, qui je l'espère, pourront un jour célébrer Noël sans risquer leur vie.
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