Le Point.fr - Publié le
Les Arabes chrétiens, en passe d'être submergés par la vague islamiste, sont une minorité en très grand danger. Qui s'en soucie véritablement ?
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Au coeur de la nuit la plus sacrée de la chrétienté, les cloches des églises retentiront cette année encore de Bagdad au Caire, de Bethléem à Damas et à Beyrouth. Pas le même jour : les uns - maronites, chaldéens, grecs catholiques, etc. - fêteront Noël le 25 décembre, conformément au calendrier grégorien. Les orthodoxes, calés sur le calendrier julien, célébreront, eux, la Nativité le 7 janvier.
Mais, tandis que leurs prières s'élèveront vers le ciel, tous éprouveront la même angoisse face à un avenir des plus incertains. Car ces communautés, qui constituent un véritable livre d'histoire de la chrétienté et où l'on utilise encore parfois l'araméen (la langue du Christ) comme langue liturgique, sont menacées de disparition.
Partout la situation est catastrophique, sauf peut-être au Liban, où le système constitutionnel les protège, du moins pour l'instant.
En Irak les chrétiens étaient environ 1,2 million en 1980. Ils seraient aujourd'hui moins de 300 000. Le régime de Saddam Hussein - qui se réclamait d'une idéologie nationaliste arabe laïque - les ménageait. Son effondrement a marqué le début de leur calvaire. Le même scénario risque fort de se reproduire en Syrie.
Dhimmi
Le Printemps arabe a propulsé les islamistes au pouvoir. La charia - à des degrés divers - a été érigée en source du droit. Les chrétiens pourront sans doute survivre en tant qu'individus, à condition de raser les murs.
Le statut de dhimmi est rétabli de facto, sinon de jure.
Entre Nil et Euphrate, le nationalisme arabe laïque a été balayé par l'islam politique. En Palestine, Mahmoud Abbas s'efforce de préserver l'héritage multiconfessionnel, mais le Hamas gagne du terrain et contrôle Gaza. Il n'y a plus que 50 000 chrétiens en Cisjordanie, soit 2 % de la population. Ils représentaient 15 % des habitants il y a quarante ans.
En Israël, les Arabes chrétiens sont doublement minoritaires : par rapport aux Juifs et par rapport aux Arabes musulmans. Beaucoup ont choisi le chemin de l'exil, notamment aux États-Unis.
Un chrétien ne risque pas sa vie en se convertissant à l'islam. Un musulman court les plus grands dangers s'il envisage de devenir chrétien. Il y a là un léger problème qui devrait peut-être mobiliser les consciences qui s'agitent généralement pour une multitude de causes du côté du boulevard Saint-Germain.
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