La célébration en mémoire du génocide des chrétiens de l'Empire ottoman a été l'occasion pour le pape François d'en relever l'actualité et de souligner le besoin de miséricorde.
La reconnaissance par le pape du génocide arménien est-elle inédite ?
S'il s'était gardé de prononcer le mot de génocide lors de son voyage en Turquie en novembre dernier, le pape François l'a répété à plusieurs surprises dès son introduction à la messe qu'il a célébrée dimanche 12 avril au matin en la basilique Saint-Pierre avec des éléments du rite catholique arménien et en présence du président du pays, Serge Sarkissian, pour le centenaire de ce qui reste officiellement appelé Metz Yeghern, le « Grand Mal ».
En rappelant qu'il s'agit du « premier génocide du XXe siècle », le pape a cité mot pour mot Jean-Paul II qui employa ces termes, le 27 septembre 2001, dans une déclaration commune avec Karékine II, plus haut dignitaire de l'Église apostolique arménienne (orthodoxe), également présent dimanche.
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L'ancien archevêque de Buenos Aires est familier de cette question. « Comme cardinal en Argentine, il était ordinaire des Orientaux », rappelle le père jésuite George-Henri Ruyssen, spécialiste du génocide arménien qu'Ankara refuse de désigner de la sorte « par honte ». Dimanche, la Turquie a aussitôt réagi aux propos du pape en convoquant le représentant du Vatican à Ankara pour qu'il s'explique.
Le pape François avait aussi employé le terme de génocide pour d'autres tragédies, comme il y a un an pour le 20e anniversaire de celui survenu au Rwanda.
Pourquoi commémorer le centenaire au Vatican ?
Par cette célébration, au cours de laquelle saint Grégoire de Narek (Xe siècle) a été proclamé docteur de l'Église, le pape François s'inscrit à la suite de ses lointains prédécesseurs. Léon XIII et Benoît XV avaient cherché en leur temps à intervenir en faveur des chrétiens de la région.
Mais le pape veut aussi montrer l'actualité de ces atrocités. « Faire mémoire de tout ce qui est arrivé est un devoir (…) afin que l'avertissement qui vient de cette tragédie nous évite de retomber dans des horreurs semblables », a-t-il écrit dans un message aux Arméniens.
Ces horreurs, il les a aussi de nouveau dénoncées, au début de la messe, évoquant ceux qui sont « atrocement tués, décapités, crucifiés, brûlés vifs (…) à cause de leur foi au Christ ». Les persécutions chrétiennes avaient aussi imprégné tout le triduum pascal.
Quelle réponse propose le pape ?
Dans son message aux Arméniens, le pape François ose inviter à un « chemin de la réconciliation entre le peuple arménien et le peuple turc ».
Recevant le 9 avril des représentants de l'Église catholique arménienne, il avait déjà demandé des « gestes concrets de réconciliation et de paix entre les nations qui n'arrivent pas encore à atteindre un consensus raisonnable sur la lecture de si tristes événements », à propos du génocide. Au retour de Turquie, il avait de même espéré que ce pays « (avance) sur un chemin de petits gestes, de petits pas de rapprochement ».
Au-delà, le pape en appelle à la miséricorde divine comme vraie réponse au mal.
« Dieu seul peut combler ces vides que le mal ouvre dans nos cœurs et dans notre histoire », a-t-il déclaré dans son homélie durant cette messe placée, à dessein, au dimanche dit de la Divine Miséricorde.
Sébastien Maillard (à Rome)Envoyé de mon Ipad
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