Dans une interview donnée à Radio Vatican le 6 février, le nonce apostolique en Irak, Mgr Giorgio Lingua, met en garde contre le risque à faire de la publicité à Daech (l'État islamique) en relayant ses actions. Certes, le nonce reconnaît qu'« il y a suffisamment de matière pour démontrer qu'il s'agit d'actes barbares » et que « nous savons bien combien certains de ces comportements sont inhumains ». Mais il se veut pourtant prudent : « Je ne sais pas à quel point tout peut être vérifiable parce que les informations qui nous arrivent de là-bas sont peu nombreuses et souvent, elles sont elles-mêmes filtrées par ceux qui les exploitent pour la propagande de la terreur. Il faut voir au cas par cas si cela est vrai. »
Des informations non confirmées
« Mon sentiment est celui de dégoût et presque de l'incompréhension, poursuit-il, évoquant les exactions avérées des djihadistes. Comment est-il possible que l'humanité arrive à un tel point, à dépasser certaines limites ? »
Interrogé sur la situation des chrétiens dans les zones contrôlées par l'État islamique, Mgr Lingua assure que toutes les informations qui circulent « ne sont pas confirmées ». « Oui, il y a eu des épisodes mais on ne peut pas généraliser », poursuit-il, sans vouloir pour autant relativiser les persécutions endurées par les chrétiens. « Il faut faire attention à ne pas inspirer plus de terreur que celle qu'ils veulent transmettre, également parce qu'il me semble qu'en ce moment, les chrétiens sont très désorientés et découragés, parce que plus le temps passe, plus vivre dans certaines conditions de précarité influe de façon négative sur le comportement, sur l'espérance et le futur, aussi bien que dans le rapport avec leurs frères musulmans », poursuit Mgr Lingua.
« Freiner l'afflux de gens qui viennent avec des intentions belliqueuses »
Évoquant la question de la coexistence entre communautés, le nonce la décrit comme un enjeu crucial. « Il me semble qu'on est en train d'ériger une barrière toujours plus profonde entre les chrétiens et les musulmans et donc, on en arrive à suspecter tout le monde, à ne plus avoir confiance, même dans les choses les plus normales, regrette-t-il. On a peur parce que les chrétiens se sont sentis trahis par les frères avec lesquels ils cohabitaient. Et alors je crois qu'il est important de chercher d'aller au-delà afin que ces murs ne deviennent pas insurmontables. Quoi qu'il en soit, il faudra beaucoup de temps pour assainir ces blessures et ces blocages psychologiques. »
Interrogé sur les solutions à apporter à la situation actuelle, Mgr Lingua distingue deux pistes : « Une des premières choses, c'est de freiner l'afflux de gens qui viennent dans ces territoires avec des intentions belliqueuses. Je crois qu'il faut ensuite arrêter le ravitaillement des armes. Est-il possible que nous ne réussissions pas à contrôler les armes ? Où vont-elles ? Dans quelles mains finissent-elles ? Donc, la communauté internationale doit être très résolue dans son engagement d'arrêter l'afflux d'armes dans ces territoires. »
Envoyé de mon Ipad
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