Syrie : rapt de 220 chrétiens par l'Etat islamique
Une dizaine de jours après l'exécution de 21 coptes par Daech en Libye, le pire scénario est à craindre pour ces chrétiens capturés dans le nord-est de la Syrie.
Des djihadistes de l'Etat islamique ont enlevé ces trois derniers jours 220 chrétiens assyriens dans des villages du nord-est de la Syrie, rapporte jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme. L'OSDH explique que les enlèvements se sont produits lors de la capture d'une dizaine de villages situés non loin de la ville d'Hassaka. Cette région du nord-est de la Syrie est le théâtre d'affrontements entre djihadistes de l'Etat islamique et combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).
Les miliciens kurdes ont lancé une double offensive contre l'EI dimanche, avec le soutien de peshmergas irakiens et l'appui aérien de la coalition formée par les Etats-Unis. Les djihadistes ont profité de cette offensive pour avancer sur un autre front et s'emparer de plusieurs villages chrétiens. L'archimandrite (haut dignitaire orthodoxe) Emanuel Youkhana, leader des chrétiens assyriens explique à l'Association pour l'Eglise en Détresse (AED) qui vient en aide aux chrétiens d'Orient : «J'ai pu parler par téléphone à l'un des contacts de CAPNI à Hasseke qui préfère rester anonyme. Les combats ont commencés lundi très tôt le matin à 4h00 du matin (heure syrienne) quand Daech a ouvert un front de combat de 40km de Tel Shamiram à Tel Hormizd. Daech a profité de l'engagement militaire du PYD (Parti démocratique de l'union Kurde) sur d'autre front pour avancer. Particulièrement à la frontière Irako-syrienne. C'est pourquoi il y a eu moins de résistance pour combattre les djihadistes.»
Le sort des 21 coptes exécutés par Daech est dans toutes les mémoires
La région de Khabour accueille 35 villages chrétiens. Ils ont été construits par des chrétiens assyriens qui ont fui le massacre d'août 1933 par les kurdes en Irak. Présents depuis 80 ans, ces chrétiens continuent d'appeler leurs villages des «camps», se concevant toujours sur une terre d'exil provisoire en attendant de rejoindre leur patrie en Irak. Las, face à la percée de l'Etat islamique, les voilà obligé de fuir à nouveau.
600 de ces chrétiens auraient réussi à fuir, mais d'autres ont été capturés par l'Etat islamique. Lors de la chute de Mossoul et l'avancée des djihadistes dans la plaine de Ninive, 125.000 chrétiens avaient fui en l'espace de quelques jours. Mais une vague d'enlèvements de chrétiens d'une telle ampleur est inédite. Le dernier enlèvement d'un groupe chrétien était celui des 21 coptes en Libye, début janvier. On connait désormais le sort monstrueux que les djihadistes leur ont réservé. Une dizaine de jours après la diffusion de la vidéo montrant leur assassinat par Daech en Libye, ce scénario est dans toutes les têtes. Si des chrétiens, souvent plus riches et éduqués que la moyenne ont pu être enlevés en Syrie ou en Irak pour récolter des rançons, ces villageois pauvres ne paraissent pas devoir servir de monnaie d'échange.
Pour Marc Fromager directeur de l'AED, joint par Le Figaro, il ne fait aucun doute ces enlèvements procèdent d'une volonté d'épuration «Il s'agit d'envoyer un signal sans appel aux chrétiens encore sur place: partez. Les djihadistes de Daech ne progresse plus dans leur conquête territoriale, ils cherchent à terminer leur travail d'épuration sur le terrain conquis». Selon lui, «le pire est à craindre». Face à la situation catastrophique des minorités dans l'Est syrien livré au chaos, il appelle la France à faire pression sur la Turquie pour qu'elle ferme sa frontière avec la Syrie, ainsi qu'à renouer le dialogue avec Bachar-el-Assad.
Envoyé de mon Ipad
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