En l'absence d'un chef de l'État à la messe de la Saint-Maron, il était tout naturel que l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, s'adresse en premier au chef du gouvernement, Tammam Salam, avant de citer les personnalités présentes, au moment de prononcer son homélie qu'il a axée sur la vacance présidentielle. « Cette année, cette fête arrive alors que l'angoisse étreint le cœur des Libanais et que le souci assombrit leur âme parce qu'il n'a pas été possible d'élire un nouveau Président de la République. (...) Nous refusons, comme vous, que l'État reste sans tête et que les institutions constitutionnelles restent bloquées ou fonctionnent grâce à des formules exceptionnelles qui ne peuvent tolérer aucune normalisation », a-t-il affirmé d'emblée.
Rappelant que le Liban a été « pionnier dans la mise en valeur dans la région d'une vie commune fondée sur l'unité dans la diversité », il a déploré le fait que le sort du pays soit lié à celui d'autres États de la région : « Comment le Liban peut-il continuer à être crucifié en fonction des intérêts régionaux et internationaux, jusqu'à ce que la tempête dans les pays voisins se soit apaisée, avant que son président ne soit élu, alors qu'il peut constituer un modèle à suivre pour le règlement des problèmes auxquels ces pays sont confrontés ? » s'est-il interrogé, en jugeant que l'expérience du Liban dans l'exercice démocratique pourrait être calquée par les pays voisins. Selon lui, « lier la présidentielle au règlement du problème des autres ou à la conclusion d'accords de divers genres est un péché ». Mgr Matar a exprimé les craintes d'une exacerbation des guerres religieuses ou intercommunautaires dans la région si jamais les modèles démocratiques, comme le Liban, sont amenés à s'étioler.
Se disant persuadé que la sagesse et le bien triompheront en définitive, l'archevêque maronite a assuré que le Liban « restera ce pays islamo-chrétien réconcilié et paisible, comme une lanterne allumée qui déchire les ténèbres et comme un gage prometteur d'avenir pour toute l'humanité ».
Il a ensuite souligné que l'élection d'un chef de l'État « made in Lebanon » fait porter « une lourde responsabilité ». « Elle nous oblige en tant que libanais à assumer notre propre destin et à considérer l'échéance présidentielle comme une responsabilité qui n'appartient qu'à nous. Face à cette échéance, il nous incombe de nous rappeler que notre Constitution est l'une des plus anciennes de la région, alors que les autres pays voisins n'ont pas encore élaboré de Constitutions stables et claires », a-t-il dit, avant de poursuivre : « Il est aussi utile de rappeler que nous nous sommes efforcés de respecter les échéances présidentielles, même durant la guerre dévastatrice. Nous avons élu plusieurs présidents sous un déluge d'obus et dans un climat sévère d'insécurité, de peur que le Liban ne perde sa légitimité constitutionnelle et, partant, sa place dans le concert des nations. » « S'il nous est donné de discuter d'un sujet ayant rapport à la légitimité nationale, nous devrons l'aborder dans le cadre d'un dialogue sincère et sans délai, en gardant à l'esprit la priorité absolue de l'intérêt national », a encore dit M. Matar avant d'appeler les responsables à « examiner des solutions capables de respecter les deux légitimités constitutionnelle et nationale, chacune étant le soutien de l'autre et son alliée. Elles ne sont pas contradictoires. Nous pourrons ainsi franchir le cap de l'échéance présidentielle, et nous réussirons à renforcer le Liban et à consolider ses institutions ».
Il a en outre exprimé le souhait que les dialogues bilatéraux engagés entre différentes parties locales « se poursuivront dans un climat de confiance et dans une attitude positive, et qu'ils convergeront tous vers un dialogue national rassembleur ».
Envoyé de mon Ipad
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