16/2/2015-Les coptes d'Égypte victimes de la « vengeance » des djihadistes
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est rendu lundi 16 février à la cathédrale copte orthodoxe Saint-Marc, dans le quartier d'Abassiyah au Caire, pour présenter ses condoléances au pape Tawadros.
De son côté, le grand imam d'Al Azhar a redit son souhait de voir appliquer aux djihadistes les peines réservées par le Coran aux criminels.
« Ils ont seulement dit :'Jésus, aide-moi !' Ils ont été assassinés simplement parce qu'ils sont chrétiens. (...) Qu'ils soient catholiques, orthodoxes, coptes, luthériens n'a pas d'importance : ils sont chrétiens ! Le sang de nos frères chrétiens est un témoignage qui crie », s'est ému le pape François lundi 16 février, après l'égorgement filmé de 21 coptes égyptiens par des djihadistes en Libye.
Pendant ce temps, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est rendu à la cathédrale Saint-Marc, dans le quartier populaire d'Abassyiah au Caire, pour présenter ses condoléances au pape Tawadros. La présidence égyptienne a décrété sept jours de deuil national suite au massacre de ces 21 compatriotes.
Le pape Tawadros, la plus haute autorité de l'Église copte orthodoxe, a publié la veille au soir un communiqué dénonçant le terrorisme et présentant ses condoléances aux familles des victimes. Patriarche des coptes catholiques, Ibrahim Sidrak a salué la mémoire « des martyrs qui ont donné leur vie à cause de leur foi ».
Appartenant tous à l'Église copte orthodoxe, ces hommes avaient quitté la petite ville de Samalaout, en Moyenne-Egypte, près de Minya, pour partir travailler en Libye. Ils appartenaient à des familles modestes de l'Égypte rurale.
Chrétiennes « enlevées » et converties à l'islam
Dans la vidéo, l'un des djihadistes précise les raisons de leur exécution barbare. « Il explique que ces hommes sont des 'salibyin' - ce qui peut signifier à la fois 'croisés' ou 'chrétiens' - et que lui et ses hommes sont des 'fils de Mohammed qui est venu avec l'épée' », rapporte le P. Rafic Greiche, responsable du service de presse de l'Église catholique en Égypte. Le mot arabe 'salib' signifie 'croix'.
Le djihadiste qui s'exprime présente l'égorgement des 21 coptes comme « une vengeance » après une série d'incidents qui avaient tendu les relations entre chrétiens et musulmans en Égypte en 2007-2008. Plusieurs chrétiennes, « enlevées » par des musulmans et converties à l'islam, avaient ensuite été rendues à leur famille et mises à l'abri quelque temps dans des couvents, pour leur sécurité. « Vous avez kidnappé nos sœurs qui ont embrassé l'islam », accuse l'homme sur la vidéo.
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Enfin, le porte-parole explique que les corps ont été jetés à la mer pour rappeler que celui d'Oussama ben Laden a subi le même sort, après son exécution par les Américains au Pakistan en 2011. « Nous sommes au Sud de Rome, et nous prévenons les Romains que nous allons les envahir », annonce encore le djihadiste. Une nouvelle allusion au Vatican, déjà désigné à plusieurs reprises comme une cible par l'État islamique.
Lecture littérale des textes sacrés
Comme après l'exécution par Daech d'un pilote jordanien, brûlé vif dans une cage en début d'année, le grand imam d'Al Azhar, Ahmed al Tayeb, a répété sa condamnation des djihadistes et estimé que ceux-ci méritaient d'être « crucifiés ou de se voir couper une main ou un pied ».
Ce faisant, le grand imam d'Al Azhar cite le verset 33 de la sourate « La table servie » : « Telle sera la rétribution de ceux qui font la guerre contre Dieu et son Prophète et de ceux qui exercent la violence sur la terre : ils seront tués ou crucifiés, ou bien leur main droite et leur pied gauche seront coupés, ou bien ils seront expulsés du pays. Tel sera leur sort : la honte en ce monde et le terrible châtiment dans la vie future ».
Une argumentation qui laisse perplexes les chrétiens d'Égypte, alors que le grand imam d'Al Azhar avait à plusieurs reprises montré son souhait de s'écarter d'une lecture littérale des textes sacrés de l'islam.
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« Il retourne contre Daech leur propre rhétorique. Mon interprétation, c'est qu'ils se mettent exactement sur le terrain de Daech pour leur répondre », analyse ainsi un bon connaisseur de l'Égypte.
« Je pense que les responsables d'Al Azhar sont sincères dans leur refus de l'extrémisme mais ils ne sont pas sérieux quant à la méthode », poursuit Mgr Antonios, évêque copte catholique de Giza. « Ces déclarations montrent qu'ils ne sont pas prêts à laisser de côté certains enseignements, à critiquer certaines interprétations de versets du Coran ou de hadiths », c'est-à-dire des propos prêtés au prophète Mohammed ou à ses compagnons.
Envoyé de mon Ipad
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