Renaud Girard est grand reporter international au Figaro. Il a couvert les grands conflits des trente dernières années. Il est notamment l'auteur d'un ouvrage sur les guerres au Moyen-Orient, Pourquoi Ils se battent (Flammarion, 2006), sur son expérience de l'Afghanistan (Retour à Peshawar, Grasset, 2010) et son dernier ouvrage, Le Monde en marche, a été publié en 2014 aux éditions CNRS.
Aussi curieux que cela puisse paraître, nos amis américains ne semblent toujours pas avoir tiré les leçons de l'abîme stratégique dans lequel ils se sont jetés aveuglément après le traumatisme du 11 septembre 2001. Prenant des attentats terroristes chanceux pour une attaque militaire comparable à celle de Pearl Harbour, ils ont envahi successivement deux pays musulmans, dont les populations ne s'étaient jamais montrées hostiles à l'Amérique. Ben Laden n'est allé en Afghanistan en 1996 qu'après que l'Administration Clinton eut refusé que le Soudan, qui avait remis le terroriste Carlos à la France, ne lui livrât le cheikh saoudien. Rappelons aussi que l'Irak de Saddam Hussein ne s'était lancé dans sa guerre ruineuse contre l'Iran (1980-1988) qu'à l'invitation de l'Amérique et de ses alliées, les pétromonarchies du Golfe. Malgré les grandes promesses faites par les dirigeants américains, l'occupation occidentale prolongée de l'Afghanistan et de l'Irak n'a pas transformé ces pays en démocraties efficaces. Elle a au contraire suscité la vocation de milliers de petits Ben Laden.
Par sa taille et sa population, par la force de ses armées, par la puissance de son économie, par l'excellence de ses universités, par le rayonnement de ses industries culturelles, l'Amérique est tout naturellement le pays leader de l'Occident. Ce leadership est hélas aujourd'hui frappé de cécité stratégique, pour le malheur de l'ensemble des Occidentaux.
Après avoir donné des armes à la fantomatique opposition syrienne «modérée», les États-Unis veulent aujourd'hui se mêler encore plus de la guerre civile ukrainienne, en livrant des armes aux milices nationalistes et à l'armée du gouvernement de Kiev. Dix ans d'ingérence américaine entre le Tigre et l'Euphrate se sont achevés sur un échec. Faut-il aujourd'hui accroître l'ingérence occidentale entre le Don et le Dniepr? A-t-on intérêt à ajouter de l'huile sur le feu? Qu'avons-nous au juste à y gagner? On ne le voit pas nettement. On ne nous l'explique pas clairement.
Retrouvez la suite de la chronique de Renaud Girard ici ou dans Le Figaro du 3 février.
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